(Paris) Alors que la haute saison des feux n’est pas encore terminée, le bilan provisoire des incendies s’alourdit dans l’Union européenne avec déjà plus de de 660 000 hectares brûlés depuis janvier, établissant un record à ce stade de l’année depuis le début des données satellitaires en 2006.

Depuis le 1er janvier, les incendies ont ravagé 662 776 hectares de forêts dans l’Union européenne selon les données actualisées dimanche du système européen d’information sur les feux de forêts (EFFIS), qui tient des statistiques comparables depuis 2006 grâce aux images de satellites du programme européen Copernicus.

La France a connu des années pires dans les années 1970, avant les données standardisées européennes. Mais l’année 2022 est la plus grave en 16 ans selon ces chiffres, en grande partie à cause de deux grands brasiers successifs en Gironde, dans le sud-ouest du pays, où des pompiers allemands, polonais ou encore autrichiens sont arrivés cette semaine en renfort.

La situation est également exceptionnelle en Europe centrale : les pompiers ont ainsi mis plus de dix jours en juillet pour maîtriser le plus grand incendie de l’histoire récente de la Slovénie, aidés par une population si mobilisée que le gouvernement a dû demander aux habitants d’arrêter de faire des dons aux pompiers.

Mais ne disposant pas d’avions spécialisés pour combattre les feux, la Slovénie a dû appeler à l’aide la Croatie, qui a envoyé un avion… avant de le rappeler pour éteindre ses propres incendies. Le gouvernement slovène envisage désormais l’acquisition de ses premiers avions bombardiers d’eau.  

Très spectaculaire aussi, à Berlin, en Allemagne, un vaste incendie s’est déclaré la semaine dernière à partir d’un dépôt de munitions de la police, dans une forêt en pleine sécheresse, un feu rapidement maîtrisé. Jusqu’ici épargnée par de tels incendies, la capitale allemande est de nos jours de plus en plus menacée en raison de l’importance de ses zones boisées.

Mais la zone la plus frappée par les incendies est la péninsule ibérique. L’Espagne, asséchée comme la France par plusieurs canicules cet été, a vu 246 278 hectares ravagés par les incendies, principalement en Galice dans le nord-ouest. La situation s’est toutefois améliorée avec la baisse des températures.

Le Portugal lutte aussi depuis plus d’une semaine contre un feu dans le géo-parc mondial reconnu par l’UNESCO dans la région de la montagne de la Serra da Estrela, qui culmine à environ 2000 mètres.

Europe centrale en hausse

En termes de superficies brûlées, après l’Espagne figurent la Roumanie (150 528 hectares), le Portugal (75 277 hectares) et la France (61 289 hectares).

Sur la seule période estivale, « 2022 est déjà une année record », dit à l’AFP Jesus San-Miguel, coordinateur de l’EFFIS. Le précédent record pour l’Europe datait de 2017, lorsque 420 913 hectares sont partis en fumée à la date du 13 août, et 988 087 hectares en un an.

« J’espère que nous n’aurons pas le mois d’octobre que nous avons eu cette année-là », poursuit-il ; 400 000 hectares avaient alors été détruits à travers l’Europe en un mois.

La sécheresse exceptionnelle en Europe, cumulée aux vagues de chaleur, facilite les départs de feux.

Ces conditions ultra-sèches étaient plus souvent observées dans les pays riverains de la mer Méditerranée, mais « c’est exactement ce qui s’est passé en Europe centrale » jusqu’alors épargnée par ces phénomènes météorologiques, ajoute Jesus San-Miguel.  

Par exemple, la République tchèque a vu un feu dévaster plus d’un millier d’hectares, ce qui est peu par rapport à d’autres pays, mais… 158 fois plus important que la moyenne 2006-2021 quand les feux étaient négligeables.

En Europe centrale, les superficies brûlées restent donc encore réduites par rapport aux dizaines de milliers d’hectares en Espagne, France ou Portugal. Outre les feux en Croatie, il y a eu seulement trois départs en Slovénie et cinq en Autriche.  

Mais le réchauffement climatique continu de l’ensemble de l’Europe ne devrait qu’accentuer la tendance.