Accident de travail en Suède En crise de liquidités, Northvolt fait l’objet d’une enquête pour homicide involontaire

Un moment déterminant attend Northvolt alors que ses créanciers s’apprêtent à décider s’ils débloquent des fonds jugés essentiels pour sa survie. Mais d’autres soucis guettent la jeune pousse, qui serait soupçonnée d’homicide involontaire après un accident de travail mortel survenu l’automne dernier en Suède.

Selon le Financial Times, les procureurs suédois devraient signifier, au cours des prochaines semaines, un avis d’enquête au fabricant de cellules de batteries concernant des soupçons d’homicide involontaire grave.

De son siège social, situé à Stockholm, en Suède, Northvolt affirme qu’elle « collabore pleinement à l’enquête », qui est en cours depuis maintenant plusieurs mois.

« Étant donné que celle-ci se poursuit, Northvolt ne formulera pas d’autres commentaires », se limite-t-elle à dire.

L’accident en question, survenu en novembre dernier, a coûté la vie à un travailleur âgé de 25 ans, qui a rendu l’âme un mois plus tard. Il avait été grièvement brûlé à la suite d’une explosion survenue à l’intérieur de la méga-usine de Skellefteå, dans le nord de la Suède.

Rencontre au sommet

Cette nouvelle tuile survient au moment où les créanciers de la multinationale suédoise doivent décider à quel point ils continuent d’aider Northvolt, déjà considérée comme la jeune entreprise la plus financée d’Europe avec une récolte de 15 milliards US.

Selon l’agence Bloomberg, cette rencontre doit se tenir ce vendredi.

Au cœur d’une crise de liquidités, Northvolt a retenu les services de la firme Teneo pour l’aider à tabler sur des scénarios de redressement. On ignore encore ce que cela signifiera pour sa méga-usine de cellules de batteries – la dernière étape avant l’assemblage des batteries – de 7 milliards projetée en Montérégie.

Il semble y avoir de l’espoir pour l’entreprise. L’un de ses principaux actionnaires, Harald Mix, qui détiendrait une participation d’environ 7 % dans la compagnie, a déclaré à des médias suédois qu’il n’avait pas l’intention d’abandonner le navire.

« La plupart des parties prenantes voient le rôle important que joue une entreprise comme Northvolt pour la compétitivité européenne et la transformation de l’industrie automobile, a-t-il indiqué à Sveriges Radio. Je continuerai à soutenir Northvolt avec de nouveaux capitaux. »

Des questions au Québec

Au Québec, le gouvernement Legault se retrouve sur la défensive depuis que cet acteur clé de la filière des batteries lutte pour sa survie. Jusqu’à présent, 710 millions de fonds publics – une somme qui inclut un prêt de la Caisse de dépôt et placement du Québec – ont été consentis à Northvolt.

Ce contexte difficile a d’ailleurs mis la table à un entretien, mardi, entre la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, et le responsable des activités nord-américaines de Northvolt, Paolo Cerruti. Après la rencontre, M^me Fréchette avait dit avoir été rassurée par l’entreprise et ne plus craindre du tout sa faillite.

La Presse a déjà rapporté que le démarrage du complexe qui doit sortir de terre sur le terrain qui chevauche Saint-Basile-le-Grand et McMasterville aura du retard. Québec anticipe des délais qui pourraient atteindre 18 mois.

Ce complexe table sur la production de cathodes (le pôle positif d’une batterie lithium-ion), la fabrication de cellules de batteries ainsi que le recyclage. Northvolt assure que la fabrication de cellules de batteries au Québec est toujours dans les plans, sans toutefois garantir les autres volets de son projet.

En Suède, la multinationale a notamment mis sur la glace tout ce qui gravite autour de la production de cathodes dans le cadre de son recentrage. Elle a aussi sabré 1600 emplois, soit près du quart de son effectif mondial.