Le métier, les médias, la salle de rédaction de La Presse et vous

Il y avait quelque chose de réducteur et même d’un peu méprisant dans la sortie d’Horacio Arruda, l’an dernier, quand il a qualifié les journalistes politiques de « pigeons voyageurs » et qu’il a évoqué plus largement les « gérants d’estrade ».

Ils ne sont ni l’un ni l’autre. Et la dernière année et demie l’a prouvé hors de tout doute.

Ce sont, d’abord et avant tout, des poseurs de questions. Et ce travail, il a été essentiel pendant la pandémie, alors que les correspondants parlementaires étaient sur le terrain… pour que vous y soyez.

Les courriéristes à Québec couvraient au quotidien ce que Hugo Dumas a appelé « District 13 », le point de presse quotidien de 13 h du premier ministre Legault. Tandis qu’à Ottawa, ils étaient de tous les points de presse extérieurs de Justin Trudeau.

Et sur l’une et l’autre des collines parlementaires, ils forçaient alors les gouvernements à se questionner sur leurs décisions et leur réponse à la crise sanitaire. Ils les talonnaient sur l’exactitude des faits et l’efficacité des mesures. Ils les obligeaient à rendre des comptes et à remettre en question leurs décisions, en votre nom à vous, chers lecteurs…

Ils sont donc bien plus près du chien de garde que du pigeon !

Prenez notre chef de bureau, Tommy Chouinard. Il a posé plus de 100 questions lors des points de presse sur la COVID-19 que les Québécois suivaient avec assiduité. Des questions qui étaient souvent influencées par vous, car vous lui écriviez par centaines chaque jour, avant et après les séances d’information de François Legault et de son équipe, pour lui faire des suggestions.

Bref, les journalistes politiques étaient vos yeux et vos oreilles, ils étaient vos représentants sur place.

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Cela dit, on ne soupçonne pas la complexité de la tâche d’un correspondant parlementaire.

Pour en avoir été un moi-même à la fin des années 1990 (Lucien Bouchard était premier ministre !), je peux vous dire deux choses.

D’abord, ce sont à la fois des généralistes et des spécialistes. Dans le jargon, on dirait que leur beat, ce sont tous les beats !

Autrement dit, ils couvrent la politique… donc ils couvrent tous les enjeux, de la santé à l’éducation en passant par l’économie, l’agriculture et tant d’autres. Ils doivent donc être polyvalents et maîtriser un nombre impressionnant de dossiers.

Ensuite, la tâche s’est pas mal complexifiée depuis que j’ai quitté il y a 20 ans le hot room où avaient lieu les mêlées de presse à l’époque et « le perchoir », cette galerie de presse qui surplombe le Salon bleu.

À Québec, Tommy, Fanny Lévesque et Hugo Pilon-Larose en ont plein les bras. Pensez seulement au nombre de partis politiques. On est passé d’une dynamique où deux grands partis s’échangeaient le pouvoir à quatre formations qui ont chacune leur créneau et leurs électeurs.

À Ottawa, pensez à l’impact de la pandémie sur les travaux en Chambre… et donc à son impact sur le travail du chef de bureau Joël-Denis Bellavance et de Mélanie Marquis. Le fédéral a ouvert le robinet des dépenses au point que le déficit atteint des niveaux records. Ces dépenses colossales commandent bien sûr une reddition de comptes pour laquelle les journalistes jouent un rôle crucial.

Cela donne tout son sens à l’expression « services essentiels », rapidement attribuée aux journalistes par le gouvernement Legault au début du confinement.

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Voilà pourquoi on a décidé de consacrer une partie de vos contributions, à vous, lecteurs, à l’élargissement des équipes politiques à Ottawa et à Québec.

PHOTO PAUL DIONNE, COLLABORATION SPÉCIALE

Charles Lecavalier, nouveau correspondant parlementaire de La Presse à Québec, et Mylène Crête, nouvelle correspondante parlementaire à Ottawa

Vous avez peut-être remarqué l’ajout d’une nouvelle signature depuis quelques jours : celle de Charles Lecavalier, qui s’est joint à notre équipe de Québec, après avoir été correspondant parlementaire au sein de la famille Québecor pendant près de 10 ans. Il s’y est démarqué par ses nouvelles exclusives, ses dossiers et ses enquêtes.

Et dans les prochains jours s’ajoutera aussi la signature de Mylène Crête, qui rejoint l’équipe d’Ottawa après avoir couvert la politique à l’Assemblée nationale pour Le Devoir, où elle a publié plusieurs exclusivités et textes d’impact. C’est un retour sur la scène fédérale pour celle qui fut correspondante pour La Presse Canadienne.

Ces deux talentueux journalistes viennent gonfler les rangs de nos équipes dans le but de bonifier encore plus la couverture politique de La Presse. Dans le but de diversifier les sujets et d’offrir plus de nouvelles exclusives, mais aussi de portraits, d’analyses et de dossiers politiques.

Il faut être passé par les bureaux politiques pour comprendre à quel point il est facile de s’en tenir aux propos rapportés des uns et des autres (ce que certains appellent péjorativement du spit catching !). Il y a des scrums et des conférences de presse à tout bout de champ, sur tous les sujets.

Il est donc important de compter sur des équipes assez larges pour que certains puissent être dégagés de ce travail essentiel pour approfondir les enjeux d’actualité.

Les correspondants parlementaires étaient en première ligne pour vous permettre de suivre l’évolution de la pandémie en temps réel et d’avoir des réponses à vos interrogations. Ils seront plus nombreux à le faire maintenant et à suivre l’actualité politique sur le terrain, pour vous.