Télé subventionnée pour les riches ! Ça gosse de payer plus cher pour regarder La petite vie ! Nos taxes financent déjà la plateforme de base, c’est assez !

L’Extra de Tou.tv, qui coûte 6,99 $ par mois, aurait besoin des services de la firme McKinsey pour redorer son image publique. À lire vos messages courroucés, ce service payant – ou gratuit pour les abonnés de Telus, rien que pour eux – vous irrite autant que les avances sexuelles non sollicitées du patient suicidaire, mais pas noyé, dans STAT.

La vague de plaintes a gonflé cette semaine avec la mise en ligne de la quatrième saison de Plan B sur l’Extra de Tou.tv, l’arrivée imminente d’Un gars, une fille 2.0, ainsi que la sortie des six nouveaux épisodes de La petite vie, qui pousseront à l’automne sur cette plateforme numérique dite « premium ».

Voici quelques-unes de vos réactions cabrées. Pierre B. se demande : « Pourquoi je participe au financement des épisodes de La petite vie, mais que je ne suis pas autorisé à les regarder ? » Suzanne Q. note que « c’est aberrant d’être privé d’émissions qui sont en réalité des suites de ce que l’on a aimé » à la télé ordinaire.

Je comprends votre exaspération. Et je ne dis pas ça avec le ton doucereux d’un thérapeute weirdo qui entend votre colère et qui l’accueille dans ses bras parfumés à la bergamote comme dans Les mecs. C’est sincère, mon affaire.

Il n’y a rien de logique à cracher deux fois des dollars pour de la télévision publique, qui coûte déjà 1,5 milliard aux contribuables. CBC pratique une double saucette plus raisonnable pour Gem, l’équivalent anglophone de Tou.tv.

À 4,99 $ par mois, Gem retire toutes les pubs, mais ne propose pas d’exclusivités ou de primeurs sur ses téléséries les plus attendues. Nos amis du Canada anglais visionnent leurs programmes « tout le monde en même temps » et personne ne joue au solitaire, merci, Louis-Jean Cormier, pour l’inspiration.

Mais comme le chante Jérôme 50 : tokébakicitte ! On passe allègrement la tchik-à-tchik, pour paraphraser Julie Snyder dans une pub de Mastercard.

Radio-Canada sous-estime la grogne que génère la souscription à son Extra. J’en ai discuté avec les patrons du diffuseur public cette semaine, qui insistent sur ce point : les séries québécoises offertes en primeur sur l’Extra de Tou.tv traverseront toutes à l’antenne générale d’ici quelques mois.

En échange de 6,99 $ par mois, l’équivalent d’un matcha latté préparé par un barista coiffé d’un bonnet trop court, l’abonnement à l’Extra Tou.tv permet aux clients de a) zapper les pubs et de b) prendre de l’avance sur la clientèle générale, c’est tout.

Tout ça est bien vrai. Mais c’est fâchant quand même.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Les péripéties de Guy et Sylvie seront diffusées (pour tous) à Radio-Canada quelque part en 2023-2024…

Volontairement et consciemment, Radio-Canada communique rarement les dates de diffusion de ses produits vedettes de l’Extra à la télé conventionnelle. Alors, quand verrons-nous les péripéties neuves de Guy et Sylvie à Radio-Canada ? Quelque part en 2023-2024, nous répond-on. Pourriez-vous être moins précis, s’il vous plaît ?

Même chose pour La petite vie : ça passera quand au petit écran gratuit ? On ne le sait pas. On ne le dit pas.

Cette manœuvre vise à doper les abonnements à l’Extra, pas besoin d’être Nostradumas pour le deviner. Allez, entrez votre code secret à trois chiffres pour ouvrir les portes numériques de Sésame !

Quand le buzz gronde autour d’une production unique à l’Extra de Tou.tv, plusieurs clients revivent l’expérience VIP plate d’un parc d’attractions.

Vous savez, quand vous déteniez une dispendieuse « fast pass » pour éviter la longue file dans les manèges et qu’un groupe de jeunes friqués vous coupait avec leur « extra fast pass » plaquée or ? Voilà comment l’Extra de Tou.tv vous fait sentir : exclus du party, en beau fusil de passer en deuxième.

C’est peut-être le blues de l’hiver infini ou l’accumulation de drames dans les séries, mais le moral n’était pas top cette semaine. Ça va mal partout, à tous les postes, toutes les heures : L’échappée, À cœur battant, Alertes, 5e Rang, Doute raisonnable, Les bracelets rouges, Plan B, Mégantic, alouette. Solution pour enrayer cette morosité accablante ? Renouer avec les comédies de la saison.

Je suis à jour dans Le bonheur, Sans rendez-vous et Les mecs. Le bonheur a (enfin) ramené sa savoureuse agente immobilière Karoll-Ann Lapoynte-St-Jacques (Monika Pilon), qui essayait de vendre une maison ayant été le théâtre « d’un futur drame familial en région ». Cet épisode avec l’épouse-poupée à 10 000 $ a atteint un niveau record de cynisme.

Dans Les mecs, nos quatre colocataires ne se dirigent pas vers une finale dans la félicité conjugale. Étienne (Yanic Truesdale) a été largué par son amant bisexuel Bruno (Maxime Allard), qui est tombé dans les bras de Julie (Judith Baribeau), la flamme vacillante de Martin (Normand Daneau). Simon (Alexis Martin) a couché avec la patronne (Isabel Richer) de Christian (Christian Bégin) à l’université.

Il faut maintenant que Christian renoue avec Natalie (Julie Ménard). Il faut que quelque chose, quelque part à la télé, aille bien. Sinon, comme Christian l’affirmait mercredi, c’est 30 milligrammes d’antidépresseur par jour. Ou une séance avec une olfactothérapeute (Émilie Bibeau) qui trippe sur les pschitt de menthe poivrée, choisissez.