Envoyée à Rome pour faire son noviciat dans un orphelinat pour filles, une religieuse américaine découvre qu’on y prépare la venue de l’antéchrist.

Antépisode de The Omen (1976), drame d’horreur de Richard Donner ayant fait l’objet de trois suites (1978, 1981 et 1991) et d’un remake (2006), The First Omen (La malédiction : le commencement, en français) permet à la réalisatrice Arkasha Stevenson (la série d’anthologie de genre Channel Zero) de faire des débuts fracassants au grand écran avec ce premier long métrage.

Partant d’une idée de Ben Jacoby (coscénariste de Bleed, de Tripp Rhame), d’après les personnages créés par David Seltzer (scénariste des deux moutures de La malédiction), Arkasha Stevenson, Tim Smith (Channel Zero) et Keith Thomas (Charlie) signent un solide scénario qu’ils ont pris le temps de développer plutôt que de miser sur une enfilade d’effets-choc et d’éléments morbides. Jonglant efficacement avec les codes du genre, la réalisatrice et ses acolytes se permettent même de critiquer férocement l’instrumentalisation du corps féminin par l’Église catholique.

De fait, dans The First Omen, les filles et les femmes ne servent qu’à obéir aux ordres des hommes d’église, qui fomentent le retour de l’antéchrist, à porter le fruit de leurs machinations diaboliques et à veiller à ce que les brebis ne s’éloignent pas du droit chemin. Grossesses non désirées et accouchements dans les pires douleurs, voilà en gros ce qui les attend. Et gare à elles si elles ont le malheur de ne pas enfanter de garçons ! « Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! », lit-on dans l’Évangile selon saint Matthieu...

Incarnée avec ferveur par la prodigieuse Nell Tiger Free, sœur Margaret, jeune religieuse américaine en proie à des visions horrifiques envoyée dans un orphelinat pour filles à Rome, est moins innocente qu’elle ne le paraît. Ainsi, dans quelques plans, Arkasha Stevenson lui donne des airs de la Méduse de Caravage, symbole par excellence de la femme insoumise. L’autoritaire sœur Silvia (imposante Sônia Braga) ne tardera pas à s’en rendre compte.

S’il s’éloigne quelque peu du récit original, The First Omen apporte quelques judicieux éclaircissements sur les origines de Damien, le garçon portant sur son corps le nombre de la bête de The Omen. Outre quelques clins d’œil au premier film, où l’on retrouvait des morts spectaculaires, on renoue dans l’antépisode avec le personnage du père Brennan (Ralph Ineson et sa pénétrante voix d’outre-tombe) et la musique inoubliable de Jerry Goldsmith.

D’une atmosphère délétère à souhait et d’une esthétique soignée, The First Omen comporte également des références saisissantes au Rosemary’s Baby (1968) de Polanski, à The Exorcist (1973), de Friedkin, et à Possession (1981), de Zulawski. De quoi redonner foi au film de nonnesploitation à ceux et celles qui l’avaient perdue devant le plus que navrant Immaculate, de Michael Mohan.

En salle

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The First Omen (V. F. : La malédiction : le commencement )

Drame d’horreur

The First Omen (V. F. : La malédiction : le commencement )

Arkasha Stevenson

Nell Tiger Free, Ralph Ineson, Sônia Braga

2 h

7/10