Après plus de 20 ans d’expérience à La Presse, la chroniqueuse spécialisée Stéphanie Grammond portera bientôt deux nouveaux chapeaux importants : ceux d’éditorialiste en chef et de responsable de la section Débats. Première femme à occuper ce poste, la principale intéressée espère stimuler encore davantage le contact avec le public, en intégrant plus de diversité et de jeunesse aux discussions.

« J’arrive dans une période extrêmement tumultueuse. C’est sûr qu’on ne manquera pas de matière », lâche la chroniqueuse chevronnée. Avec l’investiture de Joe Biden qui approche, la vaccination contre la COVID-19 et la perspective d’élections fédérales ou encore municipales, 2021 promet en effet de susciter de nombreux débats publics, et pour le mieux.

Pour donner une voix à un maximum d’intervenants, elle entend notamment utiliser ses acquis. « J’arrive d’un créneau, la finance personnelle, où j’avais énormément d’interaction avec les lecteurs. Plusieurs étaient mes informateurs privilégiés. Je veux continuer de favoriser cette interaction et utiliser cette ressource-là pour m’alimenter dans mes éditoriaux », dit-elle.

Après des études en communication à l’UQAM, Stéphanie Grammond a commencé sa carrière sur les ondes de RDI, dès sa mise en ondes en 1995. Elle est aussi passée par le Journal Les Affaires, où elle a travaillé pendant quatre ans, avant d’entrer à La Presse au tournant des années 2000. « Je suis fière de dire que j’ai commencé au bas de l’échelle », lâche-t-elle, en soulignant que la beauté du métier de journaliste est d’apprendre constamment, en posant encore et encore des questions.

Celle qui est aussi auteure du livre Acheter sans se faire rouler se dit bien consciente de la « symbolique » que revêt la nomination d’une première femme à ce poste. Tant dans le milieu du journalisme qu’ailleurs, elle espère bien humblement être « un modèle » pour d’autres, comme plusieurs l’ont été pour elle à plusieurs reprises.

Je suis bien fière de briser ce plafond de verre. J’ose croire que ça va encourager beaucoup de femmes à nous écrire et, de manière générale, nous aider à rejoindre un maximum de communautés, d’horizons, d’orientations.

Stéphanie Grammond

La nouvelle éditorialiste en chef souhaite par ailleurs initier davantage de contacts avec « la relève » et la diversité. « Les jeunes, par exemple, s’informent autrement et sont beaucoup sur les médias sociaux, mais je veux essayer d’avoir des plumes qui viennent du secondaire, du cégep, de l’université et les amener à se prononcer. Leur montrer que ce journal, c’est aussi pour eux et elles », raconte-t-elle.

Une nomination pleine de sens

Pour le nouveau vice-président information et éditeur adjoint de La Presse, François Cardinal, nommer Stéphanie Grammond était tout naturel. « Elle était, à titre de journaliste d’opinion d’expérience qui a su tisser un lien exceptionnel avec ses lecteurs, tout naturellement destinée à diriger l’équipe éditoriale », confie-t-il.

À ses yeux, consolider le lien avec les lecteurs « dans un contexte de crise sanitaire » sera définitivement l’une des priorités des prochaines années. « Plus que jamais, les gens ont besoin d’espaces crédibles pour participer au débat, pour s’exprimer », avance celui qui a succédé à Éric Trottier au début janvier.

« Ça va être important de pousser le dialogue encore plus loin, ajoute-t-il. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui, puisqu’on est la propriété d'un OBNL qui s’appuie sur les dons de nos lecteurs. Il faudra aussi maintenir la confiance du public, dans un contexte où la crédibilité des institutions médiatiques est attaquée […] tant aux États-Unis qu’au Canada. »

En 2020, les lecteurs de La Presse ont fait parvenir quelque 130 000 lettres à la direction, ce qui représente un nouveau sommet. « Notre salle de rédaction a su démontrer toute sa pertinence cette année, mais si on veut demeurer pertinents, il faut continuer d’évoluer », poursuit l’éditeur adjoint, qui occupait lui-même le poste d’éditorialiste en chef avant Mme Grammond.

« La pandémie a rapproché les lecteurs de la salle de rédaction de La Presse, ce qui est une excellente chose. Je pense seulement à notre chef de bureau à Québec, Tommy Chouinard, qui a posé plus de 100 questions lors des points de presse sur la COVID que tout le monde suivait avec assiduité. Or, ces questions provenaient parfois des lecteurs eux-mêmes, qui lui écrivaient comme jamais, avant et après les séances d’information de François Legault et de son équipe », conclut-il.