Des propos du chef du Parti Vert du Québec selon lesquels les demandes de la Russie seraient « raisonnables » et « devraient être acceptées » ont fait fortement réagir.

Les demandes de la Russie, dont la « dénazification » de l’Ukraine, sont « raisonnables », a déclaré sur les réseaux sociaux le chef du Parti Vert du Québec, Alex Tyrrell, reprenant les termes utilisés par le président russe Vladimir Poutine.

La reconnaissance de l’annexion de la péninsule de Crimée et la souveraineté des régions séparatistes prorusses de Donetsk et de Louhansk devraient aussi « être acceptées par les pays occidentaux et le gouvernement ukrainien », a-t-il ajouté.

Aussitôt publiée, la déclaration, qui condamnait du même souffle l’invasion russe et appelait à une désescalade des deux côtés du conflit, a suscité de vives réactions. Son auteur a été accusé de faire le jeu du Kremlin, qui répète que son offensive militaire vise à libérer l’Ukraine des « nazis ».

En entrevue avec La Presse, M. Tyrrell s’est défendu de relayer la propagande russe. « Les liens entre le gouvernement ukrainien et le mouvement néonazi sont bien documentés », a-t-il affirmé. « C’est un réel problème. »

Or, le mythe a été démonté à plus d’une reprise, récemment encore par l’organisation américaine NewsGuard, qui lutte contre la désinformation. Une aile radicale d’extrême droite existe bel et bien en Ukraine, mais avec un très faible pouvoir politique. Le candidat du parti nationaliste d’extrême droite, Ruslan Koshulynskyi, n’a obtenu que 1,6 % des voix lors de l’élection présidentielle de 2019.

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Préoccupé par une escalade entre l’OTAN et Moscou, le chef vert croit que les pays occidentaux devraient « s’engager dans des discussions pour la paix ». Des « compromis » devront être faits « des deux bords », argue-t-il.

« Je trouve très dangereux que des gens suggèrent dans le débat public que le Canada devrait aller en guerre contre la Russie », ajoute-t-il. Pour l’instant, l’OTAN n’a pas l’intention de déployer de troupes en sol ukrainien.

Fortes réactions

Sur Twitter, le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements climatiques et de la Lutte contre le racisme du Québec, Benoit Charette, a appelé le chef vert à exprimer ses excuses auprès des communautés ukrainienne et juive.

« Il nous arrive tous de l’échapper. Là, vous l’avez échappé solidement… La seule chose à faire dans les circonstances est de le reconnaître et de vous excuser, notamment auprès des Ukrainiens et des Juifs d’ici et d’ailleurs », a écrit le député caquiste.

Les réponses « virulentes » à la sortie initiale d’Alex Tyrrell l’ont forcé à préciser sa position dans une deuxième déclaration, publiée samedi, dans lequel il réitère sa condamnation de l’invasion russe.

« Je suis un pacifiste qui s’oppose à la guerre. Je m’exprime en faveur de la paix afin d’éviter de nouvelles violences, des bombardements, des meurtres et des combats en Ukraine », souligne-t-il.

Sa position aurait été appuyée par plusieurs collègues au sein du parti, affirme le chef, sans toutefois les nommer. Invitée à réagir à la sortie de M. Tyrrell, la cheffe adjointe du Parti Vert du Québec, Halimatou Bah, a simplement indiqué que la formation est « pacifiste » et « contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie ».

Avec Alice Girard-Bossé, La Presse