(Dnipro) Le bilan d’une frappe russe sur un immeuble résidentiel de Dnipro en Ukraine, l’un des plus élevés depuis le début de la guerre, risque encore de s’alourdir mardi, après avoir grimpé à 40 morts la veille.

Vladimir Poutine a de son côté dénoncé les livraisons croissantes d’armes occidentales à l’Ukraine, le Kremlin jurant que les chars promis à Kyiv « brûleront » sur le champ de bataille.

Moscou a démenti avoir été responsable du carnage à Dnipro et rejeté la faute sur les Ukrainiens. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a évoqué « une tragédie » pouvant être due à un tir de la défense antiaérienne ukrainienne.  

La présidence suédoise de l’Union européenne a, elle, dénoncé « un crime de guerre » russe. Un nouvel exemple de « suspicion de violations du droit de la guerre », a réagi de son côté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.  

Lundi, presque 48 heures après qu’un missile a éventré un immeuble du quai de la Victoire à Dnipro (est), 40 morts et 77 blessés avaient été comptabilisés, selon les secours.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis que « chaque personne coupable de ce crime de guerre serait identifiée et traduite en justice ». « Il n’y a aucun doute », a-t-il asséné lundi dans son allocution du soir.

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Des peluches ont été laissées sur les lieux du drame.

Les grues hissaient les sauveteurs dans les appartements ravagés ou soulevaient des pans de béton. Dans les décombres, les équipes de secours cherchaient 25 personnes portées disparues, selon les autorités.  

« L’opération de sauvetage, la démolition des décombres, ne se terminera pas tant que les corps de tous les morts ne seront pas retrouvés », a déclaré Kyrylo Timochenko, un conseiller de la présidence ukrainienne, ajoutant que « plusieurs [blessés] sont dans un état grave, dont un enfant ».

Sur ce lieu de désolation, des personnes déposaient des fleurs et des peluches à la mémoire des victimes. D’autres habitants de Dnipro apportaient vêtements ou couettes à un point de collecte mis en place par des humanitaires.  

Une quarantaine de personnes ont été secourues dans les ruines du bâtiment.

« Plus de 200 appartements ont été détruits, et notre tâche la plus importante est de réinstaller toutes les personnes et d’aider à la reconstruction de ce bâtiment », a assuré M.  Timochenko.

Dans une interview à CNN, la première dame d’Ukraine, Olena Zelenska, a assuré que les Russes n’étaient pas parvenus à briser l’esprit de résistance des Ukrainiens. « On a tenu presque une année, on peut tenir plus longtemps », a-t-elle affirmé, soulignant que désormais, « les enfants du pays peuvent faire la différence entre le son d’une roquette, d’un drone et de la défense anti-aérienne ».

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« Parrains occidentaux »

Le Kremlin a mis deux jours à réagir à la frappe sur l’immeuble de Dnipro.

« Les forces armées russes ne bombardent pas les immeubles résidentiels, ni les infrastructures civiles, elles bombardent des cibles militaires », a déclaré M. Peskov, en dépit des frappes qui déjà ont touché une multitude de cibles civiles depuis le début de l’invasion, le 24 février.  

Face à ces pluies de missiles et à la menace d’une nouvelle offensive russe d’ampleur, les Occidentaux ont intensifié leur aide militaire à l’Ukraine. Une réunion sur les livraisons d’armements occidentaux à Kyiv est prévue le 20 janvier sur la base américaine de Ramstein (Allemagne).

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Des soldats ukrainiens sur le front à Bakhmout

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Vladimir Poutine a dénoncé, dans une conversation avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, « la ligne destructrice adoptée par le régime de Kyiv qui a misé sur l’intensification des combats, avec le soutien de ses parrains occidentaux qui augmentent leurs livraisons d’armes et de matériel militaire » aux Ukrainiens.

« Ces chars brûlent et brûleront », avait lancé plus tôt Dmitri Peskov à la presse.

La secrétaire d’État adjointe des États-Unis Wendy Sherman s’est rendue lundi à Kyiv où elle a rencontré M. Zelensky, l’assurant de « l’engagement fort et inébranlable » de Washington envers l’Ukraine.  

Une importante délégation d’Ukrainiens, menée par Olena Zelenska, se rend cette semaine à Davos (Suisse) pour convaincre les Occidentaux réunis pour le Sommet économique mondial de leur livrer davantage d’armes.

« C’est pour cela que je suis présent », y a déclaré lundi le maire de Kyiv, Vitali Klitschko, précisant qu’il est « primordial de nouer des connexions personnelles » pour y parvenir.

Samedi, Londres avait annoncé la fourniture à Kyiv de Challenger 2, ce qui constituerait la première livraison de chars lourds de fabrication occidentale à l’Ukraine.

« Des chars, des blindés, et de l’artillerie, c’est exactement ce dont l’Ukraine a besoin pour restaurer son intégrité territoriale », a tweeté lundi le président ukrainien.

Varsovie a dit attendre un feu vert de l’Allemagne pour livrer des chars Leopard de facture allemande.

De l’autre côté de l’Atlantique, des soldats ukrainiens sont arrivés dimanche sur une base militaire dans l’Oklahoma, aux États-Unis pour s’entraîner à l’utilisation du système de défense antiaérienne Patriot, que Washington va fournir à Kyiv.

L’AIEA en Ukraine

Dans un discours à La Haye, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est dite favorable lundi à la création d’un tribunal spécial pour poursuivre les dirigeants russes, assurant « qu’une guerre d’agression ne resterait pas impunie ».

De son côté, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est arrivé lundi en Ukraine afin d’installer un nouveau dispositif qui prévoit la présence permanente d’experts dans les quatre centrales nucléaires du pays en activité, ainsi qu’à Tchernobyl.

L’objectif est « d’assurer que les installations si importantes pour le pays, en particulier dans ces temps difficiles, continuent à fonctionner normalement », a-t-il déclaré depuis la centrale d’Ukraine du Sud.